Focus Label: Sacred Bones Records
15 ans de rock déroutant à New York ! En cette fin de printemps 2022, Sacred Bones Records souffle ses quinze bougies et sort pour l’occasion une compilation anniversaire, Todo Muere SBXV. Focus sur le label brooklynois, précieux acteur de l’éclosion du rock alternatif contemporain.
L’histoire de Sacred Bones Records
Sobrement défini comme « une affaire familiale » sur son site internet, le label Sacred Bones Records cache en réalité une histoire bien plus fournie. Tout commence en 2007, au nord de Brooklyn, dans le quartier de Greenpoint. C’est ici, au cœur d’un secteur en passe de devenir le nouvel eldorado des hipsters de New York, que Caleb Braaten va fonder et installer le label indépendant en 2007.
Fasciné par le label mancunien Factory Records, Braaten aménagera un entrepôt du coin pour y empiler les vinyles de ses futures multiples signatures. Il faut dire que le grand gaillard vêtu de noir connaît bien le milieu ! Avant de se lancer personnellement dans l’aventure, il passera quelques longues années à vendre les galettes du disquaire Academy Records. Mais le jeune Caleb est plus ambitieux que ça, et décide de passer aux choses sérieuses sous l’impulsion d’un groupe de post-punk, The Hunt, avec qui il entretient une franche amitié. En voulant d’abord éditer leur premier single, Braaten finira par créer officiellement son label et sortir le debut album des new-yorkais, One Thousand Nights. Un coup de poker qui s’avouera gagnant, puisque le fameux label, Sacred Bones Records, perdure aujourd'hui depuis près de quinze ans.
Derrière son logo triangulaire entouré d’un serpent qui se mord la queue, Sacred Bones Records compte quelques-unes des formations les plus labyrinthiques et déroutantes du paysage rock alternatif contemporain. Parmi elles, on retrouve notamment des pointures locales, comme Blank Dogs, The Men ou Black Marble, des artisans du rock expérimental, psychédélique ou shoegaze 2.0., comme Föllakzoid, The Holydrug Couple, Moon Duo, Psychic Ills ou The Soft Moon, des figures populaires, comme John Carpenter, David Lynch (et son projet Thought Gang), Anika (et son projet Exploded View), Jim Jarmusch (et son projet SQÜRL), ou encore Caleb Landry Jones, ainsi que de nombreux artistes joyeusement inclassables, comme Amen Dunes ou Jenny Hval. Une belle brochette d’OVNIs qui ont aidé à construire l’identité si singulière du label.
Todo Muere SBXV : la compilation anniversaire du label
Pour célébrer comme il se doit ses quinze printemps, le label culte américain a décidé de sortir, vendredi dernier, une compilation particulièrement alléchante : Todo Muere SBXV. Sacred Bones Records a en effet demandé à onze de ses artistes de reprendre une chanson de leurs confrères au sein du label. « Un grand dîner avec une famille indisciplinée et aimante », comme s’amuse à le décrire Sacred Bones Records lui-même. Voici, ci-dessous, la tracklist complète de cette aventureuse compilation :
- Boris - « Funnel Of Love » (reprise de SQÜRL)
- Anika - « Godstar » (reprise de Psychic TV)
- The Hunt - « I Can’t Stand » (reprise de Zola Jesus)
- Constant Smiles - « Spells » (reprise de Jenny Hval)
- Dean Hurley - « Our Day Will Come » (reprise de Mort Garson)
- Domingæ - « Change » (reprise de Anika)
- Thou, Mizmor, & Emma Ruth Rundle - « Night » (reprise de Zola Jesus)
- Hilary Woods - « In Heaven » (reprise de David Lynch)
- Institute - « Boys At School » (reprise de SPELLLING)
- Marissa Nadler - « Cold Wind Blowin’ » (reprise de David Lynch)
- The Holydrug Couple - « Coca Cola Blues » (reprise de Psychic Ills)
La compilation Todo Muere SBXV est tirée à quelques centaines d’exemplaires physiques, pour trois versions différentes : une édition limitée vinyle rouge, une version exclusive « neon pink and black splatter » à 500 exemplaires, ainsi qu’une version « pink and magenta starburst » à 150 exemplaires pour les membres de la Sacred Bones Record Society (le fan club du label). Les éditions possèdent également une pochette du grand Nick Blinko de Rudimentary Peni et des étiquettes centrales en forme de triangle.
Les pépites de Sacred Bones au Supersonic
Fervent défenseur et admirateur du label brooklynois, le Supersonic Records propose, depuis le début de son installation dans la capitale, un échantillon des nombreux microsillons de Sacred Bones Record. Afin de vous mettre l’eau à la bouche, ou de vous donner envie de découvrir plus profondément les artistes du label, nous vous avons concocté une petite sélection des meilleures galettes dénichables au shop :
- Black Marble - Fast Idol
Le quatrième LP du new-yorkais Chris Stewart - aka Black Marble -, nouvellement résidant californien, conjugue à merveille synthpop et cold wave, pour un résultat à la fois nostalgique, hypnotique et mélodique. Délicieusement rétro, élégamment accrocheur, Fast Idol fait partie des pépites de l’équipe du Supersonic. Album disponible en édition limitée, vinyle « pépite d’or ».
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- Blanck Mass - Animated Violence Mild
Derrière Blanck Mass se cache le petit génie électronique Benjamin John Power, dont le quatrième effort est probablement la plus belle offrande. Radical, clair-obscur, imprévisible, Animated Violence Mild a assurément autant de mordant que le laisse deviner sa pochette. Disponible en édition limitée, vinyle vert.
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- Boris - W
Suite directe de l’hardcore NO (pour former logiquement NOW), le vingt-septième disque de la formation expérimentale de Tokyo est plus éthéré et atmosphérique que son prédécesseur. Entre shoegaze, noise, new age ou drone doom, W multiplie les textures et intrigue autant qu’il fascine. Un OVNI comme on les aime.
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- Caleb Landry Jones - Gadzook Vol. 1
Le deuxième album du touche-à-tout texan (tantôt acteur, tantôt musicien) est une galaxie neo-psychédélique à la fois torturée, surréaliste et admirablement luxuriante, confirmant l’inépuisable richesse de son talent créatif. Vite le volume 2 !
- Exploded View - Obey
Nouvelle pépite de l’équipe du Supersonic, Obey est le second opus de la bande de la prêtresse psyché Anika, Exploded View. Jouant de tous les contrastes, le sophomore jongle entre le sensible et le brutal, le krautrock et l’electonica, avec une habileté déconcertante. Disponible en vinyle coloré exclusif.
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- Föllakzoid - I
Ne vous fiez pas à son titre, I est en réalité le quatrième et dernier album en date de Föllakzoid. L’envoûtant duo chilien continue ici d’entretenir son ingénierie hypnotique, obsédante et progressive, étalée sur une longue piste fragmentée en quatre chapitres. Un voyage kraut transcendantal, à vivre sans modération. Disponible en édition limitée, vinyle transparent.
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- The Holydrug Couple - Hyper Super Mega
Brillante synthèse des dix premières années de carrière du duo chilien, Hyper Super Mega s’inscrit dans la lignée des grands albums de pop psychédélique. Si le spectre des Beatles ou des Beach Boys n’est jamais bien loin, cette septième livraison témoigne de l’alchimie onirique et unique entre Ives Sepúlveda et Manuel Parra. Disponible en vinyle coloré exclusif.
- John Carpenter - Lost Themes III: Alive After Death
Le troisième volet de la trilogie Lost Themes de l’iconique compositeur et réalisateur John Carpenter est un sulfureux condensé de son association avec son fils, Cody Carpenter, et Daniel Davies. Rave horrifique, dancefloor apocalyptique, electro cauchemardesque… définissez le projet comme bon vous semble, il vous donnera, quoi qu’il arrive, autant de frissons que d’euphorie. Disponible en édition limitée, vinyle rouge.
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- Lust For Youth - Lust For Youth
Dernière sortie en date du duo danois, Lust For Life est probablement la meilleure façon de découvrir l’univers de Hannes Norrvide et Malthe Fisher. Huit titres et à peine plus de trente-cinq minutes : l’album éponyme des Scandinaves est un véritable shot synthpop teinté de shoegaze et de cold wave, qui pénètre l’esprit avec une aisance vertigineuse. Disponible en édition limitée, vinyle transparent.
- Moon Duo - Stars Are The Light
Maître d’un cocktail psyché transcendantal et occulte, Moon Duo invite sur ce septième effort à un trip plus groovy, inspiré par le disco exotique et le funk halluciné des 70’s. Parfaitement épaulés par l’ensorceleur Sonic Boom (Spaceman 3, Spectrum), Ripley Johnson et Sanae Yamada livrent avec Stars Are The Light une odyssée kaléidoscopique et pailletée, délicieusement irrésistible.
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