Le British Rock

Back to the UK! Des icônes nationales à la crème de la nouvelle scène actuelle, la Common People célèbre plus de soixante-dix ans d’histoire du rock britannique. Focus sur la traditionnelle soirée « So British! » du Supersonic.

 

 

La Common people, c’est quoi ?

À l’image des nuits F*** Forever, Where is My Mind? ou bien Dancing Queen, la Common people du Supersonic tient son nom d’un tube symbolisant toute l’esthétique et la thématique du programme de sa soirée. Si Pulp n’a (injustement ?) pas connu le même succès planétaire que ses « semblables » britpop de Blur ou Oasis, c’est bien son hit socio-politique « Common people » qui a été choisi pour l’appellation de la nuit rock britannique du club. Et à juste titre !

 

 

Dévoilée en mai 1995 comme premier single du cinquième album studio du groupe culte de Sheffield (qui sortira lui en octobre), la chanson est considérée aujourd'hui comme l’un des piliers majeurs de l’histoire de la pop britannique. Ses paroles, écrites par le charismatique leader Jarvis Cocker, content la rencontre entre le narrateur, issu d’un milieu modeste et populaire, et une jeune fille, appartenant à un milieu favorisé et bourgeois. Cette dernière lui partage son désir de vivre comme lui, comme « une personne ordinaire », malgré les privilèges de son milieu social. Tout au long du titre, le narrateur lui répond, de manière sarcastique et acerbe, qu’elle ne pourra malheureusement jamais faire « partie du peuple ».

Le dialogue entre les deux protagonistes met en exergue les différences de mentalité entre les classes sociales, sous couvert d’une ironie typiquement british. Derrière sa force mélodique et artistique, « Common people » révèle une dimension sociologique et politique rarement aussi développée dans la pop britannique, renvoyant aussi bien au patrimoine socio-politique de la Grande Bretagne, qu’aux célèbres frictions médiatiques entre certains monuments du rock britannique:

  • des Beatles face aux Stones,
  • de Blur face à Oasis,
  • ou, plus récemment, des Fat White Family face à Idles.
Autant de symboles qui font aujourd'hui toute la sève de la soirée hommage du Supersonic.

 

 

 

De l’explosion rock des 60’s à la britpop des 90’s

Rassurez-vous, aucun relevé de compte, code vestimentaire, ou tout autre justificatif de situation sociale ne vous sera demandé au 9 rue Biscornet pour venir danser au rythme des plus grands hymnes de la Perfide Albion ! En revanche, une rapide piqûre de rappel sur l’immensité du paysage rock britannique ne risque pas de vous faire de mal pour pouvoir apprécier la soirée comme il se doit. 

  • Commençons donc par le commencement, il y a (déjà) une soixantaine d’années, aux plus grandes heures de gloire du rock. Inutile de les présenter, les mastodontes Liverpudlians des Beatles et londoniens des Rolling Stones seront inévitablement de la partie. Dans le sillon tracé par les deux formations les plus populaires et révolutionnaires du monde, les Kinks, les Who, les Animals ou les Yardbirds se feront une place de choix dans les playlists de nos chers DJs, pour faire vibrer toutes les générations aux sons de leurs tubes intemporels.
  • Dans les 70’s, l’explosion des « sous-genres » du rock change la donne ! Bien qu’une nuit lui soit presque spécifiquement dédiée (Rebel Rebel) le caméléon David Bowie jaillira inéluctablement dans la soirée sous l’une de ses multiples facettes. Côté glam rock, les maîtres du genre Queen, Roxy Music ou encore T.Rex se chargeront d’illuminer les travées du club. De nombreuses pilules punk, ska ou heavy metal devraient également gicler des enceintes et ravir les plus fougueux d’entre vous : Sex Pistols, Clash, Madness ou Police d’un côté, Led Zeppelin, Black Sabbath, Deep Purple ou Motörhead de l’autre. Les grands mélancoliques ne seront pas non plus laissés de côté, puisque les iconiques Pink Floyd, Smiths, Cure, Echo and the Bunnymen, Jesus and Mary Chain et bien sûr Joy Division viendront progressivement éclairer la nuit.
  • La décennie suivante marque (grossièrement) la popularisation des synthétiseurs dans le rock, entrainant ainsi pléthore de nouveaux groupes estampillés de près ou de loin à la new wave, à investir les dancefloors. The Human League, Ultravox, Duran Duran, New Order, Depeche Mode, Eurythmics ou Talk Talk pour ne citer qu’eux, ne tâcheront donc pas de vous faire dandiner jusqu’au petit matin. Dans le prolongement de cette euphorie synthétique, les légendaires figures de l’Haçienda que sont les Happy Mondays, Inspiral Carpets ou les Stone Roses viendront rappeler l’atmosphère si singulière du club de Manchester. Dans une moindre mesure, malgré son importance considérable de l’autre côté de la Manche, le shoegaze de My Bloody Valentine, Lush ou Slowdive saura vous transcender dans les plus sombres heures de la nuit. 
  • Pour conclure la première moitié de ce tour d’horizon, quoi de plus symbolique que de s’attarder sur la britpop des 90’s. Plus que d'avoir influencé le nom de la nuit britrock du Supersonic, le mouvement fut l’un des plus fédérateurs du pays. Du « Champagne Supernova » d’Oasis au « Girls and Boys » de Blur, en passant par « Animal Nitrate » de Suede, « Disco 2000 » de Pulp, « Alright » de Supergrass, « Loaded » de Primal Scream ou « Connection » d’Elastica, le choix est délicieusement vertigineux. De quoi s’imaginer déambuler dans les rues entourées de murs de briques rouges, avec la nonchalance d’un Gallagher !

 

 

De la renaissance indie des 2000’s au punk post-Brexit

Parlons désormais de l’un des versants les plus revigorants et dansants de l’histoire de la musique britannique. Après l’essoufflement du mouvement birtpop et du rock « mainstream » de manière générale, une toute nouvelle scène indépendante va redonner un véritable coup de fouet à l’industrie au début des années 2000. Portés par le succès d’artistes post-britpop tels que The Verve, Radiohead ou Coldplay, et parallèlement au renouveau du rock aux États-Unis, de nombreuses formations vont réussir à happer une nouvelle génération en manque de modèles du genre. Et ce sont aujourd'hui ces groupes qui galvanisent sans doute le plus le public du Supersonic, chaque soir depuis sa création. Arctic Monkeys, Franz Ferdinand, The Libertines, Bloc Party, Muse, Kaiser Chiefs, Kasabian, The Kooks, Placebo, The Klaxons ou encore The Fratellis comptent parmi les plus dignes représentants du mouvement, avec une cascade de tubes à chanter encore et en chœur.

Si depuis la fin des années 2010’s, l’indie rock made in UK s’essouffle quelque peu, de nouvelles scènes émergent, elles, avec une détermination sans faille. C’est notamment le cas du post-punk 2.0., pour qui la terrible adoption du Brexit outre-Manche a insufflé un véritable élan contestataire. Bien que la plupart des formations du genre n’aient pas (encore ?) la notoriété populaire de leurs ainés, elles ne manquent pas pourtant autant d’animer les foules au club de Bastille depuis une poignée d’années maintenant. C’est notamment le cas d’Idles, Fontaines D.C., Shame, Fat White Family ou encore Wet Leg, dont certains singles résonnent déjà comme des classiques.

 

 

Avec ce rapide tour d’horizon de la richesse du paysage pop rock britannique depuis plus de soixante-dix ans, vous voilà maintenant prêts à chauffer la piste du Supersonic à l’occasion d’une exquise Common people. Et que vous soyez un mods, un punk, un indie kids ou n’importe quels autres admirateurs de l’une des nombreuses branches du rock britannique, vous saurez vous retrouvez autour de cette punchline intemporelle et terriblement british : « I'm Feeling Supersonic, give me gin & tonic! ».

 

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