Le White Album des Beatles : double album aux dimensions plurielles

Pierre angulaire de l’odyssée musicale des Beatles, le White Album ne cesse, depuis plus d’un demi-siècle, d’interroger sur sa direction radicale, son éclectisme tentaculaire et son rôle sur la trajectoire commune et individuelle des Fab Four. Focus sur le double album le plus iconique de la pop, célébré ce week-end au Supersonic.

 

  • Le White Album marque un virage radical dans la carrière des Beatles, avec son esthétique ultra-épurée et son éclectisme musical, loin de leur aventure psychédélique.
  • Le double album a été en partie écrit par le groupe durant leur retraite spirituelle en Inde, au côté du Maharishi Mahesh Yogi.
  • L’enregistrement du neuvième album des Beatles s’est fait dans la tension et la douleur, fragilisant l’entente au sein du groupe.
  • Le White Album a entamé l’émancipation individuelle et artistique de Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr.

Un tournant mystérieux, spirituel et ambitieux


Juin 1967. Les Beatles viennent de lever le voile sur Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, leur huitième long-format conceptuel, fantasmé et révolutionnaire, œuvre iconique du psychédélisme ambiant et de la période studio des Fab Four. Comment imaginer alors le successeur d’un disque, considéré, par beaucoup, comme le plus grand chef-d’oeuvre de l’histoire de la musique populaire ? En prenant un virage radical, celui d’un double album sans titre, à la pochette blanc-sur-blanc, véritable fourre-tout sonore étonnamment homogène.

À l’hiver 1968, les quatre garçons dans le vent partent en retraite spirituelle au nord de l’Inde, à Rishikesh, sous l’enseignement du Maharishi Mahesh Yogi. C’est ici, entre de longues séances de méditations transcendantales, que Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr composeront la quasi-totalité des titres du White Album, loin du vacarme médiatique et de la Beatlemania dont ils commençaient à souffrir en Angleterre.

L’émancipation individuelle des Fab Four


Avec près de quarante nouvelles chansons en poche, les Beatles iront d’abord enregistrer une trentaine de démos dans la propriété de George Harrison, à Esher, avant de travailler véritablement sur le disque aux studios EMI d’Abbey Road et aux studios Trident de Londres. Bien que l’enregistrement de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band reste un tournant avant-gardiste dans la carrière des Fab Four et l’histoire de la musique populaire, celui du White Album a assurément laissé une empreinte indélébile sur la relation et la collaboration artistique entre les quatre musiciens.

Sans son manageur Brian Epstein, décédé prématurément en août 1967, ni son traditionnel ingénieur du son Geoff Emerick, qui a décidé de partir en plein milieu de l’enregistrement, les Beatles enregistreront dans la douleur, la tension et le désordre. La présence de Yoko Ono - nouvelle compagne de Lennon - en studio ne fait qu’accroître progressivement la dissolution de l’harmonie artistique et de la complicité entre les quatre hommes au sein du groupe. Mais, paradoxalement, ces tensions révéleront encore un peu plus leur génie créatif respectif :

  • Paul McCartney sera principalement à l’origine de l’éclectisme du disque, composant aussi bien des ballades acoustiques (« Blackbird ») que les prémices du hard rock (« Helter Skelter »), et dessinant déjà les contours de son aventure solo et de son futur prochain groupe, les Wings.

  • John Lennon, influencé par la présence de Yoko Ono, se verra lui beaucoup plus introspectif, engagé ou incisif. Il composera notamment un titre pour sa défunte mère (« Julia »), un blues aussi crado que poignant (« Yer Blues »), un morceau accusateur envers Mahesh Yogi (« Sexy Sadie », faisant référence au scandale sexuel du Maharishi) ou un instrumental hautement expérimental (« Revolution 9 »). Là encore, John Lennon arpentera une direction sonore qui sera le socle de son premier album solo, Plastic Ono Band.

  • George Harrison s’imposera définitivement comme un auteur-compositeur accompli. Il signera notamment l’un des plus beaux titres des Fab Four, « While My Guitar Gently Weeps », sur lequel il invite son nouvel ami Eric Clapton, avec qui il collaborera ensuite à de nombreuses reprises, au coeur d’une pléthorique carrière solo.

  • Ringo Starr signera, lui, sa toute première composition, le country rock « Don't Pass Me By », et chantera également le dernier titre de l’album, « Good Night ».

La Beatlemania à Bastille


En ce troisième dimanche d’octobre, le Supersonic rend un double hommage au plus célèbre quatuor de Liverpool :

  • Au disquaire, à l’occasion d’une rencontre autour du livre de Palem Candillier, « The Beatles : The Beatles ». La conférence avec l’auteur sera suivie d’un live acoustique, à partir de 17h.
  • Au club, pour l’habituel Sunday Tribute, de 19h à 23h30.

« The Beatles : The Beatles » : rencontre autour du livre de Palem Candillier


Après s’être attaqué à l’illustre In Utero de Nirvana sur son premier ouvrage sorti il y a deux ans, l’auteur, musicien autodidacte et chroniqueur Palem Candillier s’est penché, cette année, sur le cas complexe du White Album des Beatles (Éditions Densité, collection « Discogonie »).

Le Parisien viendra débattre de son ouvrage et d’un double album qu’il considère lui-même « plus grand que la somme de ses parties », le dimanche 17 octobre à 17h au Supersonic Records. La conférence sera suivie d’un live acoustique. L’occasion parfaite pour se refamiliariser avec la mirifique discographie des Fab Four, disponible en quasi-intégralité au disquaire de Bastille.

 

Un Sunday Tribute des plus fédérateurs


Afin de prolonger le plaisir, le club du Supersonic ouvrira ses portes, dès 19h, pour un nouveau Sunday Tribute dédié aux Beatles. Les groupes Bliss, Rubber Soul, Monday Party, Nowhere Man, Zedmanest et Beatlejuice feront danser toutes les générations jusqu’à 23h30, au rythme des innombrables tubes intemporels des géants pop de Liverpool. Près de soixante ans après le premier album du groupe, la Beatlemania sera de nouveau au goût du jour à Bastille !