Petite virée dans l’univers post-punk

Genre phare de la fin des années 1970 et du début des années 80, le post-punk a eu une place proéminente sur la scène indépendante et a refait surface depuis le milieu des années 2000. De Joy Division à Fat White Family en passant par The Cure et Interpol, on vous fait un petit tour d’horizon de ce style sombre et puissant. Embarquez à bord de notre sélection (bien entendu non-exhaustive) pour explorer cet univers merveilleux !


Le post-punk c’est quoi ?

Vers la fin des années 1970, principalement en Angleterre, le punk et l’idéologie DIY (« fait maison ») donnent un énorme coup de pied dans la fourmilière : l’idée est que tout le monde puisse faire de la musique, peu importe la technique et les moyens. Ainsi, tout le monde s’achète une guitare, une basse ou une batterie et se met à produire une musique la plus révoltée et la moins sophistiquée possible, on se contente de quelques accords et d’une distorsion pour produire un son fougueux. Mais très vite, certains musiciens, comme Howard Devoto (chanteur originaire des Buzzcocks qui va fonder Magazine), vont se lasser du punk et chercher un son plus élaboré et plus sombre, tout en gardant le côté révolté du genre d’origine. C’est l’avènement du post-punk.

Quels sont les principaux albums post-punk ?

Du côté de Manchester, véritable épicentre du style, notamment grâce au label Factory Records, de nombreux groupes vont produire des monuments du post-punk. C’est le cas avec Joy Division et leur mythique Unknown Pleasures (suivi par le tout aussi mythique Closer), A Certain Ratio avec leur Sextet teinté de funk, Magazine (dont on vient de vous parler) avec l’ingénieux Real Life ou encore The Fall avec le barré Live at the Witch Trials.

Mais, rassurez-vous, le post-punk ne s’est pas cantonné à Manchester. On peut citer Public Image Limited, groupe de Johnny Rotten qui a quitté les Sex Pistols, dont le Metal Box est un incontournable du genre. Wire ont également défrayé la chronique avec leur survitaminé Pink Flag, suivi du brumeux Chairs Missing. Et bien évidemment, comment ne pas parler du post-punk sans évoquer The Cure ? Seventeen Seconds et Pornography ont joui d’une notoriété qui dépasse largement les limites du public post-punk. Siouxsie Sioux, quant a elle, a bien prouvé que le genre ne se limitait pas aux hommes : elle a frappé un grand coup avec The Scream et s’est très vite imposée comme une figure de proue du mouvement. Pour ce qui est de The Slits, groupe 100% féminin, elles ont connu un moindre succès, mais Cut parle sans doute à tout amateur de post-punk.

De l’autre côté de l’Atlantique, au même moment, de grosses pointures se sont développées. Television avec leur révolutionnaire Marquee Moon peuvent même faire figure de pionniers du genre. Talking Heads: 77 de… Talking Heads, fait également partie des albums fondateurs. Le premier album des B-52s (tout simplement baptisé The B-52s) est l’une des preuves les plus édifiantes que le sombre post-punk n’était clairement pas incompatible avec la danse. En revanche, si vous voulez vraiment quelque chose de « dark » et déroutant, prêtez une oreille à The Modern Dance de Pere Ubu, qui fait figure d’OVNI dans la discographie du style. En France, Marquis de Sade et leur Danzig Twist, font partie de ceux qui ont disséminé la graine post-punk dans l’hexagone.

Et dans les plus récents ?

S’il a été quelque peu supplanté par la new-wave avec l’introduction des claviers, puis bien éclipsé par le grunge puis la Britpop pendant les années 90, le post-punk, tel un phénix, renaît de ses cendres au cours des années 2000 sous l’impulsion, notamment, d’Interpol avec Turn On the Bright Lights, The Killers avec Hot Fuss, Editors avec The Back Room ou encore White Lies avec To Lose My Life. Ce mouvement, qui porte le doux nom de post-punk revival, se poursuit et explose au cours de la décennie suivante où une constellation d’artistes émerge, avec bien sûr son lot de très bons albums. On pense à Dogrel de Fontaines DC, Songs of Praise de Shame, Street Worms de Viagra Boys, The Official Body de Shopping, Joy As an Act of Resistance d’IDLES, You’re Nothing d’Iceage ou The Falling de The Underground Youth. Tous ces merveilleux disques sont dans les bacs du tout aussi merveilleux Supersonic Records ! Et si vous voulez un peu plus d’accent français, tournez-vous vers On the Rise de Frustration (groupe qui sévit depuis déjà un petit moment) ou Body Negative de MNNQS (même si leur accent ressemble à s’y méprendre à du britannique). 

Maintenant que vous avez une petite shortlist d’albums, il ne reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute et une bonne exploration !