The Strokes, 20 ans de légende new-yorkaise
Formation iconique du rock new-yorkais, The Strokes souffle cette année les vingt bougies de son mythique premier long-format Is This It. Focus sur la bande de Julian Casablancas, dont l’empreinte marque encore et toujours la scène indie contemporaine.
New-York dans les veines
Si la musique des Strokes a rapidement dépassé les frontières américaines, il est impossible de la dissocier de la ville de New-York. C’est au cœur de Manhattan que Julian Casablancas (chant), Nikolai Fraiture (basse), Fabrizio Moretti (batterie), Nick Valensi (guitare) et Albert Hammond Jr (guitare) monteront le groupe culte au début des années 90, partageant un amour commun pour quelques unes des plus célèbres formations de la Grosse Pomme, comme Television, les Ramones ou encore et surtout le Velvet Underground. Julian Casablancas n’a d’ailleurs jamais masqué son fanatisme pour Lou Reed, s’inspirant aussi bien de la noirceur de ses textes que de son phrasé désabusé. Le chanteur ira même jusqu’à reprendre l’illustre « Run Run Run » du Velvet pour la série Vinyl, co-créée par Martin Scorsese. « Lou Reed is the reason I do everything I do », déclarera-t-il le jour de sa mort. Au-delà des influences, les Strokes ont su redéfinir le son de l’indie rock du début des années 2000, aux côtés des White Stripes et autres Libertines. Avec son identité musicale singulière - une voix éraillée sur fond de dialogues entre guitares saturées - et son style désormais iconique - jean slim troué, cheveux débraillés et Converse noir - la bande creusera le sillon d’une scène devenue aujourd’hui emblématique, au sein de laquelle les Arctic Monkeys, les Killers ou Franz Ferdinand revendiquent fièrement leur influence.
Is This It : des secrets derrière le succès
Un succès majeur s’accompagne souvent de nombreux imprévus, et celui de Is This It ne déroge pas à la règle. Débarqué aux État-Unis quelques semaines après les terribles attentats du 11 septembre 2001 (le disque sortira d’abord en Australie en juillet, puis en Europe et en Asie en août), le premier album des Strokes se verra amputé de morceau « New York City Cops » sur sa version américaine, celui-ci tournant ouvertement en dérision la police new-yorkaise (le titre sera remplacé par le plus méconnu « When It Started »). Autre déconvenue avec le pays natal du quintet : celui de sa pochette. Jugée trop vulgaire aux États-Unis (avec ce gant de cuir posé sur des fesses dénudées, tendance sadomasochiste), la photographie de Colin Lane sera remplacée par une image de collision de particules observée au microscope. Tout de suite moins rock’n’roll. Enfin, fidèle à leur réputation, les Strokes décideront de changer au dernier moment de producteur, jugeant le travail de Gil Norton trop lisse et snob. Ce dernier sera alors remplacé par Gordon Raphael, rencontré par les cinq musiciens lors d’un de leur premier concert. Toutes ces mésaventures n’empêcheront pas pour autant Is This It d’être un fulgurant succès instantané, sur lequel chaque titre sonne aujourd'hui comme un classique intemporel (« Last Nite », « Hard To Explain » ou « Someday » en tête).