L’histoire de Pink Floyd

Groupe mythique du rock anglais et figure de proue du psyché puis du progressif, Pink Floyd est considéré comme l’une des formations les plus influentes de l’histoire, plus d’un demi-siècle après sa fondation. Plusieurs générations ont écouté et continuent d’écouter le groupe, et nombreux sont ceux qui le considèrent comme l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, de tous les temps. Pink Floyd a également connu un succès commercial et populaire vertigineux : personne sur terre n’a pu échapper à Money, Wish You Were Here ou encore Another Brick in the Wall. Retour sur le parcours d’un mastodonte de la musique du XXe siècle.

 

Débuts psychédéliques

Direction Cambridge au début des années 60 où Roger Waters, Nick Mason et Richard Wright, étudiants, décident de faire de la musique ensemble. Ils sont rejoints par Syd Barrett, un ami de Waters. Au sein de ce quatuor, Syd s’occupe de la guitare, Roger de la basse, Mason de la batterie et Richard des claviers. Le groupe se produit essentiellement à Londres et se fait très rapidement remarquer par la maison de disques EMI, qui apprécie sa dimension psychédélique. De ce contrat nait un premier album en 1967 : The Piper at the Gates of Dawn, enregistré dans les studios d’Abbey Road à peu près à la même époque que Sgt. Peppers Lonely Hearts Club Band des Beatles.
Syd Barrett est alors la tête pensante de Pink Floyd et s’occupe d’une bonne partie de la composition et du chant. Les textes, comme la musique, sont pour le moins bien barrés et l’album devient une référence pour tout amateur de rock psychédélique qui se respecte. Plus de cinquante ans plus tard, il reste un incontournable du genre et continue d’influencer une bonne partie des artistes d’aujourd’hui. Tame Impala, MGMT, Kasabian, Animal Collective… Bon nombre de groupes n’auraient sans doute pas vu le jour sans ce disque, ou du moins n’auraient pas sonné pareil. Pas de Piper, pas de soirée Electric Feel au Supersonic !

 

 

Progressivement… progressif

Lors de l’enregistrement du second opus, A Saucerful of Secrets, Barrett se retire peu à peu du processus de composition, et même du groupe. Ravagé par une consommation excessive de LSD, Syd devient intenable. La tête pensante perd la sienne. Ses performances scéniques, quand il répond encore « présent », frisent le néant, si bien que le groupe décide de le révoquer. Alors que Barett entame une carrière solo, toujours dans le psyché, ce sont Wright et Waters qui prennent le relais pour l’écriture. Le résultat est beaucoup plus planant que pour le premier album. Pink Floyd entame alors son virage vers le progressif. Mais pour l’instant, la mayonnaise ne prend pas plus que ça, le groupe est frustré et l’accueil n’est pas aussi favorable que pour Piper.
Même son de cloche pour la BO de More et pour Ummaguma, où Gilmour se met à la composition, en compagnie de Waters. Pink Floyd trouve sa vraie lampe de lancement avec Atom Heart Mother, et notamment son titre homonyme, un morceau fleuve de plus de 20 minutes. On peut ressentir des vestiges psychédéliques sur cet album, mais clairement, le groupe boxe désormais dans la catégorie du progressif. Meddle, avec notamment Echoes, parachève ce tournant et fait de Pink Floyd l’une des grosses cylindrées du monde du rock. Le groupe enregistre par la suite la BO du film La vallée et défraye la chronique avec son mythique concert à Pompéi : pas de public, juste le groupe au milieu des ruines, ça en jette !

 

 

De grand groupe à groupe mythique

Eux vont être très loin d'être ruinés. En 1973, Pink Floyd nous réserve ce qui sera quasi unanimement considéré comme un chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvre : The Dark Side of the Moon. Album concept tournant principalement autour de la maladie mentale (hommage non-dissimulé à Syd Barrett) et de tous les maux dont souffre l'esprit humain, on le retrouve souvent dans le top 10, voire 5, voire 1 des meilleurs albums de tous les temps selon la critique. De Speak to Me à Eclipse, en passant par le carton Money, The Dark Side of the Moon est un sublime voyage de 42 minutes. Les morceaux s'enchaînent avec une fluidité déconcertante, pas le moindre temps mort pour un opus aussi varié que cohérent.
Mais pas question pour le groupe de se reposer sur ses lauriers, Wish You Were Here vient transformer l’essai, dans un registre différent de The Dark Side of the Moon, mais pour le même impact artistique et le même succès. Shine on You Crazy Diamond, fresque de près d'un quart d'heure, est un régal absolu pour tout féru de progressif et, à moins d'avoir vécu sur une île déserte pendant un demi-siècle, personne n'a pu passer à côté du titre Wish You Were Here, qui fait partie du top 3 des morceaux massacrés tous les étés sur les quais de Seine à la guitare acoustique, en compagnie de Nothing Else Matters et Wonderwall.
Et pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Pink Floyd sort en 1977 Animals, et sa mythique pochette de la Battersea Power Station, qui marque un tournant plus politique que les opus précédents. Le succès est toujours au rendez-vous, et ne posera sûrement pas un lapin au groupe à la sortie de The Wall, qui, avec son film, est de nouveau un énorme carton. La formation, sous l'impulsion de Roger Waters, adopte un ton plus grandiloquent, qui n'affecte en rien son succès.

 

Waters contre Pink Floyd

Néanmoins, si l’on pourrait penser que tout baigne pour Pink Floyd avec ces quatre monuments enchaînés comme des perles, l’ambiance au sein du groupe commence à se dégrader. Waters s'est occupé de la quasi-totalité de l’écriture de The Wall et ce n’est bien évidemment pas du goût de tout le monde. Wright, renvoyé par Waters, ne figure pas sur l’enregistrement de The Final Cut, entièrement écrit par le bassiste.
Il est clair que Roger Waters veut avoir la mainmise sur le groupe et n’a que faire des réclamations du reste du groupe. La frustration est dans les deux camps : Waters est un frein pour le reste du groupe qui veut sa part du gâteau, et le reste du groupe est un frein pour un Waters bien gourmand. Résultat, en 1985, le divorce est acté : Roger Waters claque la porte à Pink Floyd. S'ensuit une petite guéguerre judiciaire entre les deux parties.
Pour en revenir à la musique, c’est désormais Gilmour qui prend les rennes de l’écriture, tout en laissant Wright et Mason participer au processus de création. En 1987 sort A Momentary Lapse of Reason, qui se veut moins pompeux et grandiloquent que The Wall et The Final Cut. Les critiques sont partagées et Waters en profite pour dézinguer une fois de plus le groupe. Pas du tout rancunier le Roger… Quoiqu’il en soit, les ventes sont vertigineuses et la tournée pour promouvoir le disque est stratosphérique.

 

 

Une fin lente et sereine

Sept ans plus tard sort The Division Bell, autre grand succès commercial, où la cohésion semble régner au sein du désormais trio. Ce sera néanmoins le dernier album de Pink Floyd avant vingt ans. En effet, Gilmour, bien que plus bienveillant envers Wright et Mason que ne l’a été Waters, préfère se consacrer à son projet solo.
En deux ans, deux membres historiques de Pink Floyd disparaissent : Syd Barrett en 2006, puis Richard Wright en 2008, tous deux d’un cancer. En 2010, ce qui paraissait improbable quelques années auparavant se produit : Waters et Gilmour jouent ensemble pour un concert de charité. L’année suivante, Gilmour et Mason rejoignent Waters lors d’un concert, au milieu de sa tournée The Wall, pour l’interprétation de deux morceaux.
En 2014 sort ce qui sera le dernier album de Pink Floyd, The Endless River, qui se veut un hommage au regretté Richard Wright, avec notamment des enregistrements claviers de ce dernier qui ont été retrouvés. Pas de tournée pour ce disque, mais évidemment un gros carton pour le grand retour du groupe dans les bacs. Sauf grosse surprise, cet opus n’aura pas de successeur : Gilmour et Mason dissolvent Pink Floyd dans la foulée.


Quoiqu’il en soit, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, qu’on préfère la période psyché ou la période progressive, Pink Floyd est indéniablement l’un des plus gros groupes de tous les temps et a influencé un nombre incalculable d’artistes. Même sans rien sortir, il écoule encore et toujours des disques. Mettez un exemplaire de The Dark Side of the Moon dans un bac et sa durée de vie dans ce bac sera très limitée.