L’histoire du Festival de Woodstock
Avec sa mythique première édition en 1969, le Festival de Woodstock est devenu - au-delà même d’un emblème de contre-culture hippie - l’un des symboles les plus populaires et fantasmés de la musique live. Retour sur la genèse de ces « 3 days of peace & music », et leurs influences contemporaines.
The Woodstock Music and Art Fair
Avant le festival, un studio d’enregistrement. Ou du moins, l’envie d’en créer un. C’est l’idée qui trotta en effet dans la tête du jeune Michael Lang, organisateur du festival Miami Pop, à la fin des années 60. Avec son voisin et ami Artie Kornfled, ainsi que l’aide précieuse de John Roberts et Joel Rosenman, le producteur hippie ciblera la ville de Woodstock pour y matérialiser son désir : fonder le studio Media Sounds. Finalement, motivé par le succès du Festival de Monterey de 1967, il décidera de troquer son idée contre celle d’un nouveau rassemblement musical : The Woodstock Music and Art Fair.
Mais ne vous méprenez pas : le festival de Woodstock n’a pas eu lieu à Woodstock ! Si l’idée d’organiser l’événement dans la ville du comté d’Ulster était bien réelle, quelques problématiques ont entravé sa réalisation. Les habitants de Wallkill, situé à quelques kilomètres au sud de Woodstock, refuseront que le festival se tienne chez eux, forçant nos quatre hurluberlus à trouver un plan B. Et ce plan B se nommera Max Yasgur, propriétaire d’une ferme laitière à côté de White Lake, hameau de la ville de Bethel (à presque 100km de Woodstock !), qui acceptera de prêter ses nombreux hectares pour l’événement. Pourquoi donc le festival a-t-il gardé le nom de Woodstock ? Tout simplement car nos quatre organisateurs avaient préalablement créé l’entreprise Woodstock Ventures, leur permettant de conserver l’appellation d’origine du festival. Voilà une info qui devrait vous être utile pour vos futures parties de Monte Ton Groupe !
Les billets seront alors officiellement commercialisés, pour une petite poignée de dollars seulement (18$ les trois jours et 7$ la journée), voyant débarquer rapidement une horde de hippies aux alentours de Bethel. 50 000 festivaliers étaient initialement attendus. Il y en aura finalement neuf fois plus, soit près de 450 000 spectateurs.
L’édition 1969 : sex & drugs & rock’n’roll
« 3 Days of Peace & Music ». Voilà ce qu’annonçaient les organisateurs du festival de Woodstock pour sa première édition en 1969. Plus de cinquante ans après, on pourrait aisément rajouter une longue liste de symboles au slogan du festival.
- Commençons d’abord par évoquer les gigantesques embouteillages. Le nombre de spectateurs étant bien supérieur à celui initialement prévu, une file impressionnante de voitures et de vans se retrouvera alors bloquée sur des kilomètres depuis l’entrée du site. Certains groupes se retrouveront même coincés sur la route, comme Sweetwater, censé lancer les hostilités le 15 août. Il sera finalement remplacé par Richie Havens, qui prolongera longuement son set avant que le groupe de Los Angeles n’arrive enfin sur place.
- Comment ne pas parler ensuite des conditions rocambolesques de ces trois jours de festival. À commencer par les cloisons qui délimitent le site, qui seront rapidement renversées par de nombreux festivaliers. Les organisateurs annonceront alors sur la NBC que le festival devient gratuit, motivant toujours plus de spectateurs à rejoindre les lieux. Rajouter à ça une météo désastreuse, faisant du site un immense terrain de boue, une pénurie de nourriture, d’eau et de médicaments, des problèmes techniques, logistiques et organisationnels, une profusion de drogues en tout genre, ainsi que quelques naissances et décès, et vous obtenez le festival le plus apocalyptique de toute l’histoire de la musique. Heureusement, l’esprit pacifiste du rassemblement et les nombreux concerts de légende ont assuré le maintien et la grandeur de l’événement.
- Si le festival de Woodstock a laissé une trace indélébile dans l’histoire de la musique de par ses excès et son aura emblématique pour toute la génération Flower Power, il l’aura aussi fait au gré de nombreux concerts mythiques. Malgré l’absence de certains mastodontes initialement espérés à l’affiche (de Bob Dylan aux Beatles, en passant par les Doors, Led Zeppelin ou les Rolling Stones), d’autres artistes ont définitivement réussi à marquer les esprits durant ce mois d’août 1969. On peut ainsi citer Santana (dont l’interprétation du titre « Soul Sacrifice » donne encore des frissons aujourd'hui), Joe Cocker (et sa reprise possédée de « With a little help from my friends » des Beatles), Richie Havens (avec une réinterprétation du classique de gospel « Motherless child » qui deviendra l’hymne du festival), ou bien sûr Jimi Hendrix (et sa reprise improvisée et poignante de l’hymne américain, imitant avec son iconique Stratocaster le bruit des bombes lâchées par les avions durant la guerre de Vietnam).
De rééditions en fiascos
En étant qualifié, au fil des ans, de « plus grand festival de tous les temps », le festival de Woodstock a tenté de renaître à plusieurs reprises, quelques dizaines d’années après sa première édition. Malheureusement, dans un contexte historique différent et sans le souffle du mouvement de contre-culture hippie, cette renaissance s’est globalement transformée en fiasco.
- Pourtant, les choses avaient plutôt commencé. La première réédition de Woodstock, ayant eu lieu en 1994 à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du festival, n’a, elle, pas tourné au vinaigre. Les organisateurs s’amuseront même avec le slogan originel (« 2 More Days of Peace & Music », même si un troisième jour sera finalement rajouté), et l’édition rappellera l’ambiance hallucinante de celle de 69, notamment vis-à-vis de la météo calamiteuse (le festival sera ironiquement surnommé « Mudstock » pour l’occasion) ou des artistes reprogrammés à l’affiche, comme Santana, The Band ou Joe Cocker. Woodstock 94 sera notamment marqué par les prestations de Bob Dylan, Nine Inch Nails, Green Day, Metallica, ou encore Aerosmith.
- C’est lors de la deuxième réédition du festival, en 1999, que les choses se gâtent. Expatrié à Rome, dans l’État de New York, à plusieurs centaines de kilomètres du site d’origine, Woodstock 99 connaîtra malheureusement d’importants problèmes sanitaires et de violences, allant à l’encontre des valeurs du festival. Malgré de brillants concerts, des Chemical Brothers aux Red Hot Chili Peppers (où le bassiste Flea jouera l’intégralité du show complètement nu) en passant par Rage Against the Machine (qui déclenchera tout de même une polémique en brûlant le drapeau américain sur scène), de multiples malaises, incendies, viols, et même un décès seront recensés tout au long de l’événement, entachant l’image pacifiste du rassemblement dans les années 60.
- Enfin, on peut aussi citer l’édition avortée des cinquante ans du festival : Woodstock 2019. Durant des mois de difficultés administratives (entre pertes d’investisseurs, déplacement de lieu et annulations d’artistes, dont les têtes d’affiche Miley Cyrus, Jay-Z ou encore The Raconteurs), Michael Lang décidera finalement d’annuler l’événement. Une énième ombre au tableau.
All You Need is Love : la nuit hippie hommage du Supersonic
Bien que la pérennité du festival n’ait pas été à la hauteur de sa première édition, Woodstock aura tout de même marqué l’histoire de la musique de son empreinte et son aura. Considéré comme l’apogée de la contre-culture des années 60, mais aussi comme le final en apothéose du mouvement Flower Power, l’édition de 1969 n’aura cessé d’exercer une influence au fil des générations. Du film Taking Woodstock (Hôtel Woodstock en français) à la chanson « Coachella - Woodstock In My Mind » de Lana Del Rey, les effluves psychédéliques du festival continuent d’embaumer aujourd’hui les domaines de la culture et de l’art.
Le Supersonic y est aussi naturellement allé de son hommage, en organisant une nuit à thème spécialement dédiée aux valeurs de Woodstock. Devenues un rendez-vous incontournable du club, les Nuits Hippie « All You Need is Love » vous font voyager soixante ans en arrière, entre l’innocence, l’amour et le pouvoir des psychotropes (avec modération, toujours), aux rythmes des plus grandes pointures du rock, du folk, du blues ou de la pop, pour peu qu’elles soient un brin psychédélique.